La “Grande démission”
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La “Grande démission” en France, ce qu’il faut savoir

Depuis quelque temps maintenant, nous entendons parler de “Grande démission”. Phénomène venu des Etats-Unis, le “Big Quit” semble alors se propager en France.

Voici tout ce qu’il faut savoir sur la “Grande démission” pour mieux comprendre ce phénomène et l’appréhender.

Définition

Le “Big Quit”, terme anglais qui signifie donc “Grande démission”, est une vague de démission soudaine. En effet, en 2021 aux Etats-Unis, près de 48 millions de travailleurs ont mis fin à leur contrat de travail d’après le Bureau of Labor Statistics. Ce déferlement de départ a touché de nombreux secteurs, que ce soit dans l’industrie, le commerce et les services.

Et depuis le début de l’année 2022, ces envies de départ ont traversé l’Atlantique pour venir toucher l’hexagone. En effet, selon la Dares, plus de 520 000 Français ont quitté leur emploi, dont 90% étaient en CDI. C’est 20% de plus qu’en 2019 et il s’agit du plus haut niveau de démission depuis 2008.

Pourquoi ?

Nous pouvons mettre en avant deux causes principales de l’apparition de ce phénomène.

Tout d’abord, depuis la pandémie, les salariés ont renforcé leur quête de sens dans leur travail. D’ailleurs, selon une étude de Jobs that make sens, au cours de cette année, 92% des salariés ont réfléchi au sens de leur activité professionnelle. En effet, avec les conjonctures actuelles, les Français souhaitent s’impliquer et se sentir important dans leur travail. Principalement, ils attendent un sentiment de reconnaissance ainsi que leur activité se rapproche de leurs valeurs. Pour la plupart, ils souhaitent s’impliquer dans l’environnement et avoir un impact social. Cette quête de sens a donc amené les salariés à revoir leur position au sein de leur entreprise, ce qui les a amenés, par la suite, à démissionner.

De plus, le contexte économique actuel et l’inflation grandissante, touchant le pouvoir d’achat des ménages, renforce considérablement le mouvement. Les cadres français présentent donc une tendance à choisir des postes avec une plus forte rémunération. C’est la raison principale du départ de 91% d’entre eux d’après Ipsos.

L’envie de se rapprocher de ses valeurs et de conserver son niveau de vie a donc contribué à la démission de près de 2% de la population active en France au cours de cette dernière année.

Quelles conséquences pour l’emploi

Ce phénomène qui impacte désormais largement les Etat-Unis inquiète tout de même les entreprises françaises. Dans un contexte de guerre des talents avec de fortes tensions de recrutement, cette vague de démission peut être un réel sujet pour ces dernières. Elles ont des difficultés à recruter, mais également à conserver leurs talents. Le rapport de force candidat/recruteur s’est inversé en faveur des salariés. C’est maintenant au tour des entreprises de se vendre auprès d’eux pour satisfaire leurs besoins de reconnaissance et de concordance de leurs valeurs.

Quelles solutions ?

Il faut relativiser la grande démission. En effet, ce phénomène n’est pas inquiétant et peut même être qualifié de normal. Suite aux différentes crises, le marché du travail retrouve son précédent dynamisme, ce qui crée alors une mouvance des salariés.

Le contexte économique est propice à l’emploi et aux changements de carrières. Dans quelque temps, après l’euphorie, ce taux de démission diminuera.

Olivier Dussopt, ministre du Travail et du Plein-emploi, a tout de même conseillé aux entreprises d’augmenter les salaires pour satisfaire les employés et éviter leur départ.

Mais pour satisfaire le besoin de sens au travail, c’est la marque employeur qui doit évoluer. Car depuis peu, on entend parler de “Quiet Quitting”, soit “démission silencieuse”. On parle ici du désengagement des salariés envers leur entreprise et de perte de motivation professionnelle. Les collaborateurs font le travail indiqué sur leur fiche de poste, ni plus, ni moins. Ces derniers ne cherchent plus à s’intégrer dans la vie de l’entreprise et ne consacrent plus leur temps libre à leur travail.

Les entreprises ont donc un réel besoin d’évoluer et de suivre cette quête de sens pour faire face à ces difficultés de recrutement et pénuries de talents.

Les modes de vie ont changé et cela a également impacté le monde du travail. Nous sommes aujourd’hui à un tournant décisif pour l’emploi. Certains professionnels parlent même de réinvention du travail dans les années à venir.